LE VAR

TOULON
Var
Patrimoine non-jacquaire

Le Var Le Var constitue la partie centrale du Chemin littoral de Saint-Jacques-de-Compostelle et de Rome (Voie Aurélienne), se déroulant depuis la frontière franco-italienne et les Alpes-Maritimes à l'Est, jusqu'aux Bouches-du-Rhône et sa jonction avec l'itinéraire nord (Voie Domitienne) aux abords d'Arles. Outre son patrimoine "jacquaire" décrit dans le premier document, le Var est également riche en éléments "non-jacquaires" qui font l'objet du présent document. Ceux-ci, nombreux et diversifiés contribuent à la renommée des chemins jacquaires provençaux. Calqués sur des itinéraires de pèlerinages ancestraux, ils ont été parcourus par des milliers de pèlerins. Depuis les premiers temps du christianisme en Provence. Ils en sont même les précurseurs, les premiers missionnaires originaires d'Orient (et un peu plus tard de Rome) étant arrivés par ces chemins. Ces porteurs de Bonne nouvelle y ont partout laissé leurs marques. Et qui d'autre, mieux qu'un pèlerin au rythme du pas, peut les remarquer ? Le pèlerin de Compostelle ou de Rome d'aujourd'hui ne peut pas les manquer. Sans doute les nouveaux chemins se sont-ils éloignés du littoral, de son urbanisation galopante et de la frénésie habituelle des bords de mer. Les pèlerins qui les parcourent, en recherche de nature et de sérénité, voire plus simplement d'eux-mêmes, les ont plébiscités. L'itinéraire reste néanmoins le même ; l'objectif demeure inchangé. L'Histoire et les Traditions y sont omniprésentes.

Infos pratiques

Hôtel de ville
83000 TOULON
France

TOULON SANCTUAIRES

Diocèse de Toulon Le diocèse de Toulon voit le jour au Ve siècle avec le démembrement de celui d'Arles. Son quatrième évêque, saint Cyprien, qui marque profondément la ville, deviendra son saint Patron (cf. ci-dessous). La terreur semée par les Sarrasins lors de leurs attaques incessantes, ajoutée aux influences souvent concurrentes de Lérins et de Saint-Victor, imposent des réactions adaptées aux situations qui obligent les deux diocèses à s'organiser et à évoluer séparément. Des collégiales de chanoines réguliers et des monastères d'hommes et de femmes sont créés, chacun de leur côté. Plus tard, au sortir des guerres de religion, les querelles entre Jésuites et Jansénistes exacerberont les tensions entre les deux diocèses. Le concordat de 1801 amènera la disparition des deux évêchés qui seront absorbés par celui d'Aix. 

Cf. Fréjus : Diocèse de Fréjus-Toulon 

Cathédrale Notre-Dame-de-la-Seds 

Le siège du diocèse est transféré de Fréjus à Toulon, sous le nom de Fréjus-Toulon, par une bulle du pape Pie XII du 28 avril 1957. L'église Sainte-Marie-de-la-Seds à Toulon devient cathédrale. Celle de Saint-Léonce à Fréjus devient co-cathédrale. En 2004, l'église paroissiale Notre-Dame de la Victoire à Saint-Raphaël devient basilique mineure.

L'édifice de Toulon, commencé au XIe siècle sous l'impulsion du comte de Provence Gilbert Boson, est d'architecture romane. Consacrée à la Vierge Marie, la cathédrale porte le nom de Sainte-Marie-de-laSeds, terme latin signifiant "siège". Elle est transformée en mosquée pendant l'hiver 1543-1544 pour accueillir les corsaires musulmans de l'amiral ottoman Khayr ad-Din Barberousse, alors allié de François 1 er pour préparer ses campagnes contre l'Italie. Remaniée plusieurs fois, l'église romane a d'abord été agrandie en 1659 en absorbant l'ancienne chapelle des Saintes-Reliques du XVe siècle. Sa façade, de style classique, est édifiée au tournant du XVIIe siècle (1696-1701) et son clocher de 1737 à 1740. Elle comprend trois nefs de largeur inégale, de cinq travées avec une voûte à croisée d'ogives. Le chœur, au bout de la grande nef, est de forme rectangulaire. Les fresques du Seynois Ludovic Bonifay représentant Moïse, Élie et les douze apôtres ont été réalisées en 1864 ; l'autel, de la même année et dont il ne reste qu'un bas-relief, a été remplacé en 1961. Les stalles et la chaire sont de Bernard Sénéquier (1829).

Des vitraux de facture moderne remplacent ceux détruits durant la Seconde Guerre mondiale. La tribune porte un grand orgue de 1851 (Frédéric Junk à Toulouse), rénové en 1965. Le clocher compte quatre cloches des XVIe et XIXe siècles. La cathédrale Sainte-Marie-de-la-Seds, d'abord inscrite Monument historique en 1949, a été reclassée le 14 novembre 1997.

Saint Cyprien (475-546)

Cyprien est le quatrième évêque connu de Toulon. Né vers 475 à Montaulieu (26), il devient très vite disciple de saint Césaire, ordonné diacre vers 505 puis prêtre en 506. Il sera aussi son biographe. Moine de l'abbaye Saint-Victor à Marseille, Cyprien est nommé évêque de Toulon vers 514-517 et s'oppose fermement au courant semi-pélagien qui, dans le milieu monastique de Lérins, minimisait la portée du péché originel et le rôle de la grâce divine. 

Cf. Fréjus : Saint Léonce - le "semi-pélagianisme"

Cyprien défend la doctrine catholique sur la grâce dans plusieurs conciles, soutenant que personne ne pouvait par soi-même progresser dans la connaissance de Dieu. Président du concile de Valence en 529, il combat également l'hérésie arienne (religion adoptée par les Wisigoths) contestant la nature divine de Jésus ; hérésie condamnée par le concile de Nicée en 325.

Chapelle Notre-Dame du Cap-Falcon

Le Cap Falcon est situé sur la commune d'Aïn-El-Turk, station balnéaire importante de la banlieue d'Oran. Il ferme la baie des Aiguades, entre l'aéroport militaire et la base navale de Mers-El-Kébir dans l'Ouest algérien. Les pêcheurs avaient installé, dans une grotte naturelle du bord de mer, une Vierge qu'ils pouvaient saluer chaque fois qu'ils entraient ou sortaient du port d'Oran. En 1962, décidant de confier leur Madone à la mer lors de leur rapatriement de 1962, la statue refusa de couler. Les pêcheurs prirent alors la décision de l'emporter avec eux et la confièrent à la Marine Nationale de Mers-El-Kébir. Arrivée à Toulon en 1968, elle fut déposée dans les fondations d'une ancienne casemate côtière située au Cap Brun de Toulon. Le colonel Raymond et plusieurs associations varoises de rapatriés d'Algérie obtinrent l'autorisation de la Marine Nationale de placer la précieuse statue sur le dôme de la batterie et de construire une petite chapelle : Notre-Dame du Cap-Falcon. La chapelle est inaugurée en 1975 par Mgr Barthe évêque de Fréjus-Toulon depuis 1962. Nouveau lieu de pèlerinage, la chapelle constitue chaque année au 15 août, l'occasion de manifestations de piété et de retrouvailles communautaires dans la joie et la ferveur. La Vierge, décapitée en 1980, a été remplacée en 1987 par une reproduction, installée au sommet du site par hélitreuillage. L'originale, rapatriée d'Algérie, a été placée dans la petite chapelle. Celle-ci a été restaurée et embellie au début des années 2000 par l'ajout de vitraux et de céramiques, ainsi que de reliquaires contenant de la terre rapportée de différents cimetières algériens. La chapelle Notre-Dame du Cap-Falcon a été consacrée le 15 septembre 2007 en présences d'autres Vierges telles celles de Notre-Dame d'Afrique, de Santa-Cruz et Sainte-Marcienne.

Notre-Dame du Faron

Miracle ou enchaînement de circonstances fortuites, l'histoire de Notre-Dame du Faron relève d'une pièce à tiroirs. Louis-Valéry Roussel, fondateur de l'Action Automobile et directeur de nombreuses associations automobiles, achète au lendemain de la guerre une ancienne maison de convalescence dépendant de l'Hôtel-Dieu de Toulon afin d'y construire un hôtel : "la Tour Blanche". Bientôt, une foule de villégiatures sont construite dans le quartier attirant des personnalités dont le maréchal Juin et le général Magnan, commandant de la 9e DIC qui libéra la ville en 1944.

De toutes ces personnalités surgit bientôt l'idée de transformer la Tour de Beaumont en Musée du "Débarquement d'août 1944" et en musée de la "Libération Bonaparte" qui, en la circonstance, semblait avoir toute sa place. L'Armée, qui négociait le transfert d'une grande partie du Faron à la ville, accéléra le processus. Et c'est ainsi que le 18 juin 1958, la maréchal Juin, entouré de l'amiral Barjot, du préfet Roubies, du maire Le Bellegou et Mgr Gaudel, inaugurent une plaque commémorative apposée à l'entrée du vénérable bastion annonçant à la foule la construction d'un futur musée à la gloire de Bonaparte et de De Lattre de Tassigny libérateurs de Toulon, et bien sûr, du Débarquement d'août 1944.

Roussel, qui était aussi le créateur du téléphérique du Faron, recevait souvent le maréchal Juin à la Tour Blanche. Lors d'une excursion en 1858 au sommet du Faron, Roussel accompagnait dans un footing le maréchal, le général Magnan et quelques autres. Passant la porte d'un vieux mur massif, ils tombèrent sur une vaste poudrière oubliée dont le sol était éclairé par un rayon de soleil. Traversant un œil de bœuf muni d'un croisillon, le rayon de lumière projetait une croix sur le sol. Montrant à ses amis la croix dessinée sur le sol, Roussel s'écria : "voilà l'idée qu'il nous manque : il faut construire une chapelle pour tous ceux tombés au feu pour libérer leur patrie… allons voir l'évêque !".

Ce dernier étant absent, ils rencontrèrent le lendemain le vicaire général, lui expliquant pour mieux convaincre, qu'ils souhaitaient un sanctuaire à Jeanne d'Arc et aux libérateurs de la Patrie. "Impossible, se récria le vicaire général ; à l'époque de Jeanne d'Arc la Provence était terre d'Empire en dehors du royaume de France". À cet argument, Mgr Brand en ajoutait un autre : "si vous voulez trouver le cœur des Provençaux et des Toulonnais, il faut que le sanctuaire soit dédié à la Bonne Mère". Ainsi fut-il. 

L'architecte Pascalet, déjà en charge du projet de la Tour Beaumont, reçut mission de créer le sanctuaire à la mémoire de ceux et celles qui tombèrent pour la Libération de la France, hommes et femmes, civils et militaires, hommes du rang, sous-officiers ou officiers. Le 12 juin 1959 sont inaugurés le musée et le sanctuaire par le maréchal Juin, l'épouse du maréchal De Lattre de Tassigny, le général Magnan, l'amiral Barjot ainsi que l'évêque Mgr Gaudel qui érigea la nouvelle chapelle en lieu de culte. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Lors de l'inauguration,

Louis-Valéry Roussel avait placé dans le sanctuaire une statue de la Vierge passepartout. Or, à Paris, M. Lorenzi avait organisé au Palais Royal une exposition des sculpteurs varois ; Roussel était alors président des Varois de Paris. Gabriel Cotel, sculpteur hyérois, exposait une statue en bois représentant une jeune fille toute simple, tête nue, les bras esquissant un mouvement d'accueil avec une robe tombant jusqu'aux chevilles, sous laquelle le corps se devinait très pudiquement. La statue était exposée mais Gabriel Cotel ne voulait pas la vendre, malgré les sommes importantes qu'on lui en proposait. Pour être sûr de ne pas céder, il finit par confier la statue à Roussel qui l'installa en bonne place dans son bureau parisien.

Roussel reçut un jour la visite de Mme Ickx, mère de Jacky, futur champion automobile belge mondialement connu, qui tomba en admiration devant la statue. Après un temps de discussion et Incapable de résister au charme de sa visiteuse, il lui offrit l'objet d'art ; panique le lendemain dans les rangs de M. Lorenzi : "mais M. Roussel, cette statue ne vous appartenait pas !". Trop tard, la "jeune fille" de Cotel était partie à Bruxelles.

Quelques temps plus tard, un groupe de visiteurs passait au Faron ; Jacky Icks, qui effectuait ses premières courses au circuit du Castellet, était l'un d'entre eux. Parvenu au sanctuaire, Roussel confia sa déception de ne pas avoir trouvé la Vierge qu'il aurait souhaitée. "Je crois avoir ce qu'il vous faut" s'exclama Jacky. Il contacta bientôt sa mère qui la céda aussitôt ; Notre-Dame du Faron était née. Quant au sculpteur, il fut enchanté d'apprendre le sort de sa "jeune fille".