TOURVES
TOURVES
Localité située sur la Voie Aurelia, le pont dit "romain" sur le Caramy (pile centrale d'époque romaine), témoigne encore de cette époque. Mais le village n'était pas encore dans la plaine ; les habitants de l'ancienne Turis ne sont descendus de leur montagne Saint-Probace qu'après le départ des Sarrasins. D'abord installés sur les coteaux (Seissons et Gueillet, dont il ne reste que des ruines) ils n'arrivent dans la plaine qu'au tournant de l'an mil. C'est à cette époque qu'est fondé le château. Tourves est mentionnée pour la première fois dans le cartulaire de Saint-Victor en 984, et le château en 1037. L'Archevêque Pons d'Aix-en-Provence consacre en 1049 l'église Saint-Étienne à Tourves. Ralliant le parti angevin en 1385, la communauté est rattachée au domaine royal mais connait alors une pression fiscale inédite dans la région. Convertie au protestantisme durant les guerres de religion la population de Tourves est massacrée par le capitaine catholique Durand de Pontevès en 1562.
Château de Valbelle
Une forteresse est construite sur la colline durant les Xe et XIe siècles. Les vestiges témoignent de son importance (murs de 1.70 m d'épaisseur). En 1352, la reine Jeanne cède à Raymond des Baux la vallée de Tourves en maintenant les droits et privilèges antérieurs, tout en demeurant leur suzeraine. Passée successivement aux Arcussia puis aux comtes de Vintimille, la seigneurie de Tourves échoit aux Valbelle au XVIIe siècle (1678). D'origine modeste (cordonniers puis apothicaires à Marseille), le comte de Valbelle cumulait, à partir du XVIIIe siècle, une série impressionnante de titres ; outre celui de marquis de Tourves, il était baron ou seigneur d'une multitude de terres, tant en Provence qu'en Dauphiné. Omer possédait un hôtel à Paris, à Versailles, à Aix, ainsi que plusieurs châteaux. Il fréquentait les philosophes et les encyclopédistes, et à l'occasion, se faisait libertin (amant de la Clairon, célèbre tragédienne, pendant 19 ans). Les Valbelle lancent à Tourves la mode des "Parcs à Fabrique" (parcs à vocation ornementale, parfois extravagants, dont les éléments architecturaux sont souvent inspirés de l'Antiquité). Le château de Tourves et ses annexes, "petit Versailles provençal", sera l'illustration de son désir d'architecture idéale et de son esprit philosophique : "Temple dédié au goût, au plaisir et aux arts", entouré d'au moins six parcs à fabrique dont celui "d'Auguste", un "jardin d'été", une pyramide d'Égypte (en miniature), des escaliers perdus dans les feuillages… La Vacherie, mi-temple païen mi-église romane, demeure énigmatique. Un obélisque "initiatique" à la gloire de la dynastie Valbelle surmonte l'esplanade, face aux dix colonnes de la façade qui surplombent le vieux bourg. On imagine sans peine les fêtes somptueuses qui se déroulaient ici avec la noblesse française et le "tout Paris". Transformé en hôpital pour l'Armée d'Italie en 1792, le riche palais et son jardin sont pillés l'année suivante par les habitants de Tourves. La fontaine qui ornait le jardin est installée place de la mairie ; le baptistère de l'église était un ancien lavabo du château. Les ruines étonnent encore les visiteurs.
Église Notre-Dame de l'Annonciation (Annonciade)
Ancienne église Notre-Dame des Prés, ses premières traces remontent à 1470. Consacrée à Notre-Dame de l'Annonciation, sans doute remplaçait-elle une église plus ancienne qui n'apparait pas dans les archives ; le linteau de porte qui subsiste rue Pasteur, porte la date de 1507. Les fonts baptismaux proviennent du château de Valbelle et ont été classés Monuments Historiques en 2002 avec le retable en bois sculpté d'un artiste marseillais (1692) et la cloche (1644) du campanile. Le chevet à pans coupés avec voutes d'ogives à six branches et la clé de voute sculptée sont remarquables ; l'autel en bois doré provient de la chapelle Saint-Probace. La fontaine de l'Annonciade, installée 1792, est l'une des 17 fontaines que comptait encore Tourves en 1950.
Chapelle Saint-Probace
"Saluez Asyncrite, Phlégon, Hermès, Patrobas, Hermas et les frères qui sont avec eux…" (Rm 16,4). Probas serait venu évangéliser le Provence et serait mort à Tourves au 1er siècle. Ses reliques, découvertes au XVIIe siècle dans la vieille chapelle Saint-Jean-Baptiste, se trouvent dans l'église paroissiale. La commune a conservé sa mémoire et l'émotion est encore vive lors des cérémonies organisées trois fois par an : le pèlerinage du lundi de Pâques, celui du 26 août, jour de sa fête et la fête votive avec procession et vénération des reliques le dernier dimanche d'août. Telles sont les traditions. La chapelle Saint-Probace du XVIIe siècle, cependant, existait déjà au XIIe siècle : elle apparaît, avec la chapelle Saint-Jean, dans le cartulaire de Saint-Victor en 1048-1056 et appartiendra longtemps à l'abbaye de Marseille qui la confiera à un ermite. Plusieurs fois remaniée, elle est reconstruite en 1643 au même endroit ; l'abbé d'Ollioules y fonde alors une communauté d'hommes et de femmes qui entretiendront la chapelle jusqu'au XVIIIe siècle. Située sur "La costa du Gau", la chapelle domine le village et la vallée du Caramy. Le pèlerin ne peut y accèder qu'à pied (45 mn du centre-ville ou 25 mn de la Croix). Probace est sollicité pour faire venir la pluie. En période de sécheresse, les villageois retiennent sa statue dans la chapelle jusqu'à la première ondée. On peut y célébrer la messe mais il arrive qu'un ermite s'y soit installé ; on est alors prié de ne pas le déranger.
Chapelle Saint-Maurice
Tout le monde connait l'histoire de Maurice et de ses compagnons de la Légion thébéenne, martyrisés en 287 à Agaume (Velais) sous l'empereur Dioclétien. Cette chapelle, qui surplombe le jardin Saint Maurice, est très ancienne ; sa fondation est antérieure à 1048-56 (cartulaire de Saint-Victor). Supplantée à cette date par Saint-Étienne, la chapelle Saint-Maurice avait sous sa dépendance toutes celles de la région au Moyen-âge. Le cimetière attenant était, jusqu'à la fin du XIXe siècle, celui de la commune ; il est aussi celui des Pénitents noirs. La paroisse de Tourves a conservé saint Maurice comme saint-Patron.
Chapelle Notre-Dame de la Salette
La chapelle est construite en 1867 sur les ruines de la chapelle Sainte-Marie de Seisson, déjà citée en 1082, qui avait accueilli des moines Bénédictins puis Observantins (Franciscains) de 1629 à 1775. Une confrérie de Pénitents utilisait aussi cette chapelle. La colline était celle d'un castrum dont il reste encore une partie des remparts. Très endommagée, divers projets de restauration sont étudiés ; l'un d'eux a été abandonné au début des années 2000, faute de financement.