SAINT-MARTIN-DE-QYEYRIERES
Saint-Martin-de-Queyrières fait aujourd’hui partie de « l’aire d’attrarction » de Briançon qui s’est substituée à « l’aire urbaine » en 2020. Le village est déjà mentionné dans le cartulaire d’Oulx entre 1050 et 1079. Plusieurs monuments célèbres se distinguent, notamment pour leurs belles peintures, telles les chapelles Saint-Hippolyte au hameau du Bouchier ou de Saint-Jacques à celuis de Prelles.
L’église paroissiale Saint-Martin est mentionnée dès 1118 dans le cartulaire des moines d’Oulx ainsi que plusieurs chapelles. Il existait aussi un hôpital, toujours pas supprimé au siècle dernier. Lors de la construction du bureau de poste de Prelles, dans les années 1960, d’anciennes fondations furent mises à jour, aux abords de la chapelle Saint-Jacques,qui pourraient être celles d’une maison hospitalière ou d’un refuge pour pèlerins.
Église paroissiale Saint-Jacques
L'église paroissiale Saint-Jacques se situe au centre de Prelles. Elle date de 1832. Sur la clé de l'arc et sur le tympan en fer forgé sont gravées respectivement 1832 et 1833. L'édifice de plan allongé, doté d'une tribune, a une nef à trois travées couvertes d'une voûte en berceau fractionné à lunettes, et limitées par des pilastres et des arcs-doubleaux. Il est flanqué d'une tour-clocher surmonté d'un bulbe couvert de tôles plates. Le toit à longs pans avec pignon couvert, est en tôle ondulée.
Chapelle Saint-Jacques
La chapelle saint-Jacques de Prelles apparait dans le cartulaire d’Oulx en 1516 et payait les décimes ; elle les payait encore en 1742. La chapelle fut édifiée en 1502 à cause de son éloignement de l’église paroissiale Saint-Martin au centre-bourg, mais aussi en raison du passage important des voyageurs et des pèlerins qui se rendaient à Rome ou à Compostelle, et qui empruntaient les cols de Montgenèvre ou de l’Echelle. Pour les fidèles, la chapelle, ornée de peintures, était une étape spirituelle pour les pèlerins qui traversaient l’Europe.
Nombreux étaient les voyageurs et pèlerins qui parcouraient la région au Moyen Âge. Dans le Briançonnais, la meilleure attestation de ceux qui se rendaient à Saint-Jacques-de-Compostelle en empruntant la Via Domitia se trouve sans conteste dans la chapelle Saint-Jacques de Prelles. Ornée de peintures murales datant du xvie siècle, restaurées en 1955, ces peintures se répartissent en 32 scènes couvrant l’abside, l’arc triomphal et les murs nord et sud, qui représentent la légende du pèlerin pendu-dépendu (Cf. ci-dessous). Elles mettaient les pèlerins en garde contre les mauvais agissements d’aubergistes peu scrupuleux.
Il existait au XVe siècle une auberge de sale réputation à la Bessée. Elle était surnommée « l’Auberge ensanglantée » à cause des nombreuses disparitions suspectes qu’on y avait signalées. L’auberge étant à proximité de la Durance, il était facile aux aubergistes de faire disparaitre les corps des malheureux voyageurs.
La chapelle Saint-Jacques de Prelles, ainsi que plusieurs objets liturgiques (cloche de 1639, ciboire, plateau à burettes et patère en or et argent) sont classés « Monument historique » depuis 1990.
Légende du pèlerin pendu-dépendu (peintures murales)
Il s’agit de l’histoire du septième miracle de saint Jacques raconté dans le second livre du Codex Calixtinus dit De Miraculi Sancti Jacobi. Il en existe deux représentations dans les Hautes-Alpes : à Prelles, datée de 1475 sur la commune de Saint-Martin-de-Queyrières, et à Eygliers, peinte vers 1500.
Au moins deux versions de cette légende ont été immortalisées au cours des siècles : celle de Toulouse rapportée par Jacques de Voragine dans sa « Légende Dorée », et celle de Santo Domingo de la Calzada en Espagne :
- Version de Toulouse :
Un Allemand qui allait avec son fils à Saint-Jacques vers l'an 1090, s'arrêta pour se loger à Toulouse chez un hôte qui l'enivra et cacha une coupe d'argent dans sa malle. Quand ils furent repartis le lendemain, l'hôte les poursuivit comme des voleurs et les accusa d'avoir volé la coupe. On ouvrit la malle et trouva l'objet. On les traîna sans délai chez le juge. Il y eut un jugement qui prononçait que tout leur avoir fût adjugé à l'hôte, et que l'un d'eux serait pendu. Mais comme le père voulait mourir à la place du fils et le fils à la place du père, le fils fut pendu et le père continua tout chagrin, sa route vers Saint-Jacques. Or, vingt-six jours après, il revint et s'arrêta près du corps de son fils. Il poussa des cris de lamentation quand son fils, attaché à la potence, se mit à le consoler en disant : « Très doux père, ne pleure pas, car je n'ai jamais été aussi bien. Jusqu'à ce jour, saint Jacques m'a sustenté et il me restaure d'une douceur céleste ». En entendant cela, le père courut à la ville, le peuple vint, détacha le fils du pèlerin qui était sain et sauf, et pendit l'hôte.
- Version de Santo Domingo de la Calzada :
En 1130, Hugonel, jeune pèlerin germanique en route avec ses parents vers Saint-Jacques-de-Compostelle, passa la nuit dans une auberge de Santo Domingo de la Calzada. Une jeune servante lui fit des avances, qu’il repoussa. Éconduite, elle cacha dans son bagage de la vaisselle d'argent et au moment du départ, l’accusa du vol du plat. Il fut condamné et pendu pour ce vol qu’il n’avait pas commis.
Les parents éplorés continuèrent leur pèlerinage et prièrent avec ferveur saint Jacques. À leur retour de Compostelle, ils entendirent leur fils dire du haut du gibet qu'il vivait, car saint Jacques le protégeait. Émerveillés, ils s'adressèrent à l’alcade (de l’arabe al cadi : le juge) qui était alors en train de déguster un coq et une poule rôtis. Il leur répondit avec ironie : « Si votre fils est vivant, cette poule et ce coq se mettront à chanter dans mon assiette. » Ce qu’il advint : sautant de l’assiette du juge, le coq chanta et la poule caqueta. L’alcalde bouleversé fit dépendre le jeune homme et pendre à sa place la fautive.