PARFUM DE PROVENCE
Aujourd'hui quatrième ville des Alpes-Maritimes, Grasse n'a pas d'Histoire ! Peuplée au Néolithique, la cité semble restée endormie durant des siècles. Finalement occupée par les Ligures puis par les Romains, elle demeure cependant à l'écart des grands itinéraires et ne participe que de manière très marginale aux évènements de son époque. Cité quasi ignorée de la Provence, ballottée entre royaumes de France (875), de Lombardie (879), de Bourgogne (912) puis d'Arles (933) avant d'être incorporée au Saint-Empire-Germanique (1032), Grasse n'émerge qu'à l'aube du Moyen-âge avec le développement de la "Route Médiévale" reliant Lorgues, Draguignan et Grasse en direction de Nice.
Engagée dès le XIIe siècle dans des opérations commerciales d'envergure avec les Républiques de Gènes et de Pise, Grasse développe une industrie de tannage et de corroyage importante. La réputation des cuirs grassois s'étendra bientôt à l'Italie entière ainsi qu'à l'Espagne et perdurera jusqu'à la fin du XVIIe siècle.
Mais, en dépit de leur qualité, l'odeur nauséabonde des cuirs demeurait. C'est alors que le mariage du roi Henri II avec Catherine de Médicis (28 octobre 1533 à Marseille), à laquelle on avait offert une paire de gants parfumés, allait déclencher une véritable frénésie à la cour et permettre le lancement d'une nouvelle activité à Grasse : la fabrication de gants en cuir parfumés. Le succès fut foudroyant, stimulant du même coup la culture des fleurs et l'industrie du parfum. Les gantiers et les pelletiers se détachèrent progressivement de la tannerie traditionnelle (peaux et pratiques différentes, quartiers de production distincts). La ganterie eut de plus en plus recours à la feuille de myrte (cultivé à Valbonne, à la Colle ou au Bar) pour préparer les cuirs, jetant ainsi les bases d'une industrie qui deviendra typiquement grassoise : l'industrie du cuir vert.
La parfumerie et la culture des plantes aromatiques connaîtront un important essor au XVIIIe siècle qui atteindra son apogée au XIXe. Diverses entreprises comme Isnard, Galimard, Chiris, Debézieux et autres Roure ou Lautier, participeront à la réputation mondiale de Grasse.
Mais l'histoire de Grasse se confond aussi avec celle de son ancien diocèse lorsqu'en 1244, les évêques d'Antibes décident de s'installer à Grasse. L'église Santa-Maria de Podio devient la nouvelle cathédrale Notre-Dame-du-Puy, avec pour saint Patron Honorat de Lérins évêque d'Arles. À ses vieux murs romans de plus de deux mètres d'épaisseur sont accrochés, parmi beaucoup d'autres, trois tableaux de Rubens et un Fragonard. Le palais épiscopal, édifié à la même époque abrite la mairie. Sept églises, dont une dédiée à Saint-Jacques, et une vingtaine de chapelles couvrent le territoire.
