Hôpital Saint-Jacques-de(s)-Galice(s) Marseille
C'est à partir du Ve siècle que les œuvres de charité ou d'assistance deviennent publiques, c’est-à-dire ouvertes à tous. Ils servaient aussi à héberger les pèlerins et à évangéliser les voyageurs. Une première mention d'une institution publique à Marseille remonte au VIIIesiècle mais la "course" aux établissements hospitaliers ne débute réellement qu'en 816 lorsque le concile d'Aix-la-Chapelle oblige les évêques et les chanoines d'établir un hôpital dans chacun de leurs sièges. Cette fonction hospitalière se divisait en hospices et en hôpitaux qui accueillaient principalement les vieillards, les malades et les nécessiteux.
À Marseille, plusieurs établissements voient peu à peu le jour, tels l'hôpital du Saint-Esprit, suivi de ceux de l'Annonciade, de Saint-Jacques-de-Galice, de Saint-Jacques-des-Épées, de Saint-Lazare, etc. Au XVIIesiècle, on ne compte plus les établissements de charité dans la cité phocéenne. Outre les hospices et les hôpitaux, certains établissements accueillaient (ou enfermaient) les orphelins ou les prostituées, d'autres venaient en aide aux captifs ou accompagnent les condamnés à mort ; la plupart des hospices deviendront des Hôtel-Dieu.
L'origine du plus ancien établissement remonte à 1166, lorsque la Confrérie du Saint-Esprit fonde l'une des premières maisons accueillant les malades et les enfants abandonnés. L'l'Hôpital du Saint-Esprit est un ensemble de maisons étroites qui communiquaient entre elles situées dans le quartier des Accoules.
Les croisades vont enrichir Marseille grâce à l'afflux des pèlerins venus s'embarquer et surtout par le commerce généré par le port. Marseille loue ses navires et acquiert des droits et des biens à Jérusalem et dans les nouveaux royaumes d'orient. Les trafics enrichissent la ville et suscitent des dons ou des legs importants aux hôpitaux. En 1344, un riche commerçant, Bernard Garnier, fonde l'Hôpital Saint-Jacquesde-Galice (parfois "des Galices") destiné aux femmes.
Mais si la richesse arrive de la mer, le malheur également. La peste noire y débarque en 1348, la même année que la reine Jeanne, chassée de son royaume de Naples. Elle prend le temps de réunir les villes Haute et Basse avant de s'enfuir à nouveau chez le pape. La chute des royaumes de Syrie et la guerre contre Gênes vont peser sur les finances de la ville. Les routiers du Trastamare et les bandes de Raymond de Turenne vont ajouter aux souffrances et causer l'afflux de nouveaux réfugiés et de malades. Les hôpitaux sont débordés. Les guerres de religion vont encore compliquer la donne.
1592 verra la première grande réforme. L'Hôpital du Saint-Esprit sera agrandi et pourra recevoir les malades de Saint-Jacques-deGalice. Le 23 juillet 1593, "les deux établissements seront perpétuellement et inséparablement unis et incorporés et qu'à cette fin sera continuée la fabrication de nouveaux bâtiments".
Le nouvel hôpital s'appellera Hôtel-Dieu.
La direction est alors confiée à six recteurs élus pour deux ans, renouvelables chaque année par moitié. La première pierre du nouveau bâtiment est posée le 8 septembre 1593. L'ancien Hôpital Saint-Jacques-de-Galice, parfois appelé "Hôtel-Dieu-de-Saint-Jacques-de-Galice", sera bientôt fermé.
Les blasons de l'Hôpital
Après 1595, le blason de l'Hôtel-Dieu réunit l'emblème du Saint-Esprit et les coquilles de Saint-Jacques, marquant ainsi l'évolution de l'hospitalité marseillaise.
"D'azur à la croix patriarcale à deux traverses inégales, la traverse inférieure plus large et cramponnée par en haut, la croix appuyée sur trois degrés d'argent, maçonnés de sable" était celui de l'Hôpital Saint-Esprit à son origine. Le second blason, à l'époque des rapports étroits entre les recteurs de la Confrérie laïque du Saint-Esprit et le Conseil de la ville, était "écartelé au premier et au quatrième de Marseille, au deuxième et troisième de l'hôpital".
L'Hôpital Saint-Jacques-de-Galice était plus simplement composé d'une simple coquille d'argent.
Après la fusion de 1595 le blason du nouvel Hôtel-Dieu montre "la croix patriarcale surmontée d'une colombe représentant le Saint-Esprit et accosté de deux coquilles".
Un cinquième blason sera adopté après la fusion avec d'autres hôpitaux : d'abord écartelé en deux "d'un pélican ensanglanté qui déchire son flanc pour nourrir ses petits" (effigie de la Charité ; en troisième, à "une croix flanquée de quatre petites croix" pour l'Hôpital des insensés, et en quatrième une étoile évoque le souvenir des enfants abandonnés qui suivaient certains enterrements qu'on appelait à Marseille "les enfants de l'étoile" (Jean Figarella).