FREJUS
FREJUS
Forum Julii Située à l'embouchure de l'Argens et du Reyran, son nom provient de Forum = place publique et Julii = Jules (César). La ville voit le jour en 49 avant J.-C. afin de s'opposer à la toute-puissance de Massilia = Marseille (fondée par les Grecs de Phocée = Smyrne, aujourd'hui Izmir en Turquie). Elle devient Colonia Octavanorum en -27 sous l'empire d'Auguste pour accueillir les vétérans de la VIIIe Légion dite "Augusta". C'est à Forum Julii qu'Octave/Auguste fit rapatrier les galères prises à Marc Antoine lors de la bataille d'Actium en -31, inaugurant du même coup la vocation de base navale pour la flotte militaire romaine, la seule en Gaule après celle d'Ostie. Mais l'ensablement du port ralentira le développement ultérieur de Fréjus. La ville constituait aussi un important carrefour de voies romaines, appelées à devenir autant d'itinéraires pour les voyageurs et les pèlerins du Moyen-âge. Outre la voie Aurelia qui reliait les capitales de Cimiez et d'Aix, Auguste fait aménager une très importante voie transversale qui rejoignait la Via Domitia à Sisteron (Segustero) en passant par l'autre colonie romaine fondée simultanément à Riez (Reii). Fréjus est la ville française qui concentre le plus grand nombre de vestiges antiques après Arles.
Diocèse de Fréjus
Installé dès l'aube du christianisme en Provence, le diocèse est cité pour la première fois en 374, soit environ un siècle avant celui de Toulon ; il était alors suffragant d'Arles, puis d'Aix dans la Deuxième Narbonnaise. Saint Léonce et saint Honorat contribueront à son rayonnement, notamment avec la fondation de Lérins. Alors que les évêques et les saints issus de Lérins allaient profondément influencer l'Église des IVe et Ve siècles, plusieurs figures marquent l'histoire de Fréjus. Ainsi de saint Auxile, successeur de saint Léonce, assassiné le 26 janvier 480 sur ordre d'Évaric, roi des Wisigoths (ariens), et dont les restes ont été découverts à Callas (chapelle Saint-Auxile du VIIe siècle). Jacques Duèze (1244-1334), Dominicain né à Cahors, deviendra évêque de Fréjus en 1300. Appelé par Charles II d'Anjou comme chancelier de Provence, il est nommé évêque d'Avignon (1310) puis cardinal 14 ©2020 Association des Amis des Chemins de Saint-Jacques de Compostelle et de Rome PACA-CORSE (1313) avant d'être élu pape sous le nom de Jean XXII en 1316. Second pape d'une série de sept à Avignon, il règnera sur la chrétienté durant 18 années.
Diocèse de Toulon
Parallèlement à Fréjus et à Lérins, se développait un siècle plus tard le diocèse de Toulon, conséquence du démembrement de celui d'Arles. Davantage influencé par le monachisme de saint Cassien à Marseille (moines de l'abbaye Saint-Victor), ses évêques s'opposaient au courant "semi-pélagien" de Lérins. Ainsi saint Cyprien, évêque de Toulon et disciple de Césaire d'Arles, défendra-t-il la doctrine catholique sur la grâce prévenante de Dieu. Il présidera plusieurs conciles, notamment celui de Valence en 529 organisé pour combattre la crise arienne. Cyprien laissera son emprunte à Toulon et deviendra le saint Patron de la ville.
Jésuites et jansénistes
Les débats théologiques qui opposaient jadis saint Augustin et Pelage, puis Lérins à Marseille, ressurgiront sous une nouvelle forme après les guerres de religion. La querelle entre grâce et liberté de l'Homme (Cf. saint Léonce et le "semi-pélagianisme"), qui séparait Fréjus et Toulon se retrouvera dans celle qui divise Jansénistes et Jésuites. Toulon deviendra l'un des champs de bataille en Provence et le théâtre de nombreux troubles, tel celui de "l'affaire Cadière" (1731) : la mystique et visionnaire Catherine Cadière accusée de sorcellerie, est apparemment abusée par le Jésuite Girard. L'affaire déchaîne alors les passions entre intérêts jansénistes et corruption jésuite... rejointe bientôt par celle des "convulsionnaires" de Pignan (1736) soupçonnés de jansénisme.
Diocèse de Fréjus-Toulon
Les Diocèses de Fréjus et Toulon sont supprimés avec le concordat de 1801 au profit d'Aix mais Fréjus est rétabli en 1822 pour desservir le département du Var ; l'évêque de Fréjus portera le titre d'évêque de Fréjus et de Toulon à partir de 1852. Par suite de sécularisation des biens ecclésiastiques, l'abbaye Saint-Honorat de Lérins est vendue aux enchères ; elle est achetée en 1859 par l'évêque de Fréjus et mise, avec l'île Sainte-Marguerite, sous la juridiction du diocèse de Fréjus-Toulon. Le diocèse comporte alors les territoires des anciens diocèses de Fréjus, Toulon, Grasse (jusqu'en 1860), Vence et partie des diocèses de Riez, Senez, Aix et Marseille. Il couvrira le département à partir de 1886. D'abord suffragant d'Aix-en-Provence (1822), le siège épiscopal est transféré à Toulon (28 avril 1957) et porte désormais le double-titre de Fréjus-Toulon ; la cathédrale Saint-Léonce devient alors cocathédrale. Depuis 2002, le diocèse est suffragant de l'archidiocèse de Marseille.
Saint Léonce (évêque de Fréjus : 400-433)
Léonce était déjà évêque de Fréjus lorsqu'Honorat, descendant bientôt de son ermitage du Cap Roux, fit sa connaissance. Nous ne savons pas combien de temps Honorat resta en sa compagnie mais suffisamment, en tout cas, pour que les deux hommes deviennent des amis. Léonce, issu d'une famille gallo-romaine semble être originaire de Nîmes, et avait pour frère Castor (ap.350-av.426), évêque d'Apt. Déjà intéressés par la vie des moines en communautés, les deux frères avaient demandé à leur ami Jean Cassien de Marseille de rédiger ses Institutions Cénobitiques et ses Conférences sur la formation des Cénobites qui auront une grande notoriété chez les moines du Moyen-âge. C'est d'ailleurs Léonce qui encouragera Honorat à quitter sa Baume isolée pour aller construire, avec ses compagnons, un monastère à Lérins.
Le "semi-pélagianisme" : L'installation du monachisme en Provence, et des premières communautés cénobitiques de moines recherchant Dieu imprégnés de mysticisme oriental, n'allait pas de soi. Ainsi Léonce, tout comme Cassien, et les premiers moines de Lérins, furent-ils soupçonnés de "semi-pélagianisme" par le pape Célestin en 431 ; doctrine qui sera condamnée par le concile d'Orange en 529. Cette théologie pourtant, promise à un grand avenir, fera des émules (et des détracteurs farouches) tout au long des siècles, jusqu'à Jean-Jacques Rousseau ou les Jésuites… et même le pape Paul VI, avec sa constitution pastorale Gaudium et Spes de Vatican II, sera accusé par certains de semi-pélagianisme. Si Augustin professait que le salut était un don gratuit de Dieu (une grâce), Pélage affirmait au contraire que l'homme avait la capacité de chercher Dieu par lui-même, sans intervention de l'Esprit-Saint (il gagnait son salut par ses seuls efforts). Léonce et ses amis pensaient qu'en distinguant le début de la foi, un acte de libre arbitre, d'avec sa progression, une œuvre divine, une sorte de "coopération" entre Dieu et les hommes était possible. Approfondie plus tard par Fauste évêque de Riez, la doctrine des moines provençaux est aujourd'hui considérée comme tout à fait acceptable par nombre de théologiens catholiques, tout comme l'Église orthodoxe qui la juge également conforme. D'ailleurs, l'Orthodoxie vénère les saints Cassien, Vincent de Lérins et Fauste de Riez comme des Pères authentiques de l'Église.
Cathédrale Saint-Léonce
Classée Monument Historique depuis 1862, l'édifice additionne les témoignages de plusieurs époques. Son baptistère est le plus ancien de France, après celui de Poitiers, puisque datant du IVe -Ve siècle ; peut-être le mieux conservé aussi. Rotonde de forme octogonale, sa coupole repose sur des colonnes de réemploi. Celles-ci, surmontées de chapiteaux corinthiens, proviennent sans doute d'un édifice romain. La piscine (cuve pour les baptêmes par immersion) ainsi que les façades extérieures, ont été conservées en parfait état. Les deux nefs accolées de la cathédrale montrent les modifications successives de l'édifice et constituent des leçons d'histoire. La plus ancienne (nef Notre-Dame), avec ses trois voûtes sur croisées d'ogive, est une partie de l'église paléochrétienne romane. La plus récente, des XIe -XIIe siècles (nef SaintÉtienne), à six voûtes en berceaux, était à l'origine réservée à l'évêque. Le porche d'entrée et l'atrium ont été refaits au XVIe siècle (linteau daté du 1er avril 1530), tandis que le large escalier conduisant au cloître, est du XVIIe . Des traces du premier clocher-porche sont encore visibles dans la première travée de la nef NotreDame. Le clocher octogonal actuel du XIIIe siècle repose sur une base carrée plus ancienne au-dessus du narthex (aux côtés du déambulatoire sud). Sa toiture conique abrite plusieurs cloches dont une, datée de 1303 et baptisée Saint Léonce, avait été donnée au futur pape Jean XXII ; une seconde cloche (de 1445) est suspendue dans le petit campanile accroché au clocher ; une autre de 1766, complète ce joyeux carillon. Le cloître roman à deux étages du XIIe siècle est tout-à-fait remarquable. Les arcades, retombant sur des colonnettes doubles, sont revêtues d'au moins trois cents panneaux de bois peints, décorés de personnages et d'un véritable bestiaire d'animaux fantastiques. L'étage, dont il reste encore une galerie, est accessible par un escalier original à double rampe ; les colonnes corinthiennes qui le composent datent du XIIIe siècle. Cette description serait incomplète sans la mention des Grandes Orgues, plusieurs fois restaurées (premier orgue de 1600 ; buffet Cavaillé-Coll de 1857 reconstruit par Quoirin en 1991), et de la Maison du Prévôt, proche du cloître, datée de 1206. L'évêché est également remarquable. Sa façade en grès rose de l'Estérel est bien conservée et garde belle allure : la salle synodale du premier étage est encore éclairée par des fenêtres géminées. Dans la tour carrée qui flanque le bâtiment, se trouve la chapelle privée de l'évêque ; les deux travées de croisées d'ogives couvrant la chapelle datent du XIVe siècle. L'autre tour carrée est en meilleur état, quoique plus ancienne. Son grand crénelage semble avoir été rajouté lors de l'édification du palais épiscopal.
Église du Sacré-Cœur
Plus que son aspect dépouillé – murs de béton décoffré à l'extérieur, charpente en bois apparente pour l'intérieur, avec poutres en lamellé collé pour un volume optimum et une ambiance apaisante favorisant l'acoustique – c'est l'histoire moderne de sa construction sur les bords du Pédégal (ruisseau intermittent séparant Fréjus de Saint-Raphaël) qui retient l'attention. L'accroissement de population consécutive, notamment, à l'arrivée massive de "pieds noirs" d'Afrique du Nord, décide le Diocèse à lancer l'opération "Les nouvelles églises du Var" ; le quartier de la Gabelle est retenu pour y édifier l'une d'elles. L'opération est rondement menée. Le terrain acquis en juillet 1964 voit la pose de la première pierre en janvier 1967. Outre la construction d'une église de 500 places, la mission de l'architecte comprenait tout un centre paroissial avec un presbytère, deux logements, un bureau, une salle de réunion et une salle de catéchisme. Mais la toute jeune communauté paroissiale n'entendait pas attendre le début des travaux : des messes sont célébrées en plein air sur ce champ en friche et un toit provisoire y est bientôt dressé afin de tenir lieu de chapelle. Les travaux sont terminés le 20 décembre de la même année et la messe de Noël 1967 est célébrée quatre jours plus tard. L'église sera consacrée au Printemps suivant, dédiée au Sacré-Cœur.
Église Saint-Roch
"La Bonne Nouvelle en bord de mer". Telle est la présentation de cette église récente par le diocèse. Le permis de construire délivré le 27 août 1956, elle est bénie par l'évêque en août 1959. L'église remplace l'ancienne chapelle Saint-Roch fragilisée durant la guerre par un char américain ayant eu la malencontreuse idée de l'approcher de trop près ! Le nouvel édifice prend alors une nouvelle dimension et devient église en 1964. Alliance subtile de béton et de pierres appareillées et de verre, sa façade en verrière illumine les vitraux réalisés par des élèves en architecture de Marseille. La grande croix est l'œuvre de frère Antoine, ermite bien connu des varois ayant élu domicile, si l'on peut dire, dans une grotte de Roquebrune-sur-Argens.
Chapelle Notre-Dame de Jérusalem, dite de Cocteau
Imaginant le quartier de la "Tour de Mare" comme une "cité idéale" pour abriter une population d'artistes, le banquier niçois Louis Martinon souhaitait l'édification d'une chapelle privée pour ses habitants. Faisant alors appel à Jean Cocteau (1962), tant pour la conception des plans que pour sa décoration, les travaux sont rapidement engagés. En dépit de la mort prématurée de l'artiste (11 octobre 1963), la première pierre est posée le 24 février 1964 et c'est son ami Édouard Demit qui réalise les peintures et les fresques d'après les croquis laissés par Cocteau. Ayant finalement cédé aux requêtes du Vatican d'aménager un sanctuaire pour l'Ordre du SaintSépulcre (créé par Godefroy de Bouillon après son arrivée à Jérusalem en 1099), Cocteau dessine une chapelle octogonale de style byzantin inspiré du Tombeau du Christ. Les fresques représentent différentes scènes de la Passion et de la Résurrection ; parmi les apôtres assis à la table de la Cène, on reconnait Cocteau et son ami Jean Marais. Sur les murs, la chevalerie et l'Ordre du Saint-Sépulcre est largement mise en valeur, de même que la devise des Croisés "Dieu le veult" à l'entrée du monument. La chapelle de Fréjus est l'une des dernières œuvres de Jean Cocteau. Longtemps laissée à l'abandon, elle est finalement acquise par la ville de Fréjus en 1989, la même année que son inscription à l'inventaire des Monuments Historiques.
Saint François de Paule
Grande figure de Fréjus et de Baumes-les-Mimosas, saint François de Paule est aussi le fondateur de l'ordre des Minimes, appelés à beaucoup de succès dans le Midi de la France, notamment en Provence. François est né en Calabre le 27 mars 1416 d'un couple de propriétaires terriens très croyants ayant dû demander l'intercession de saint François d'Assise pour avoir des enfants ; ils prénomment donc leur aîné François qui, encore nourrisson, contracte une grave infection à un œil. Priant de nouveau saint François pour la guérison de leur fils les parents promettent de l'envoyer comme oblat dans un couvent franciscain en cas de guérison, ce qui se produisit dès que François atteint l'âge de 13 ans. Très jeune il commence une vie d'ermite dans un endroit solitaire et inaccessible des environs de Paule (ou Paola). Très vite rejoint par une douzaine de compagnons, la petite communauté s'organise. Ils construisent une première chapelle et quelques dortoirs puis François fonde un ordre religieux qu'il nomme "les Minimes" c'est-à-dire "les tout petits" ; on les appelle parfois "les ermites de saint François d'Assise". À 19 ans, il est déjà célèbre dans toute la région ; sa réputation parvient à Rome. En 1467, le pape Paul II envoie un émissaire à Paule afin d'avoir des nouvelles de l'ermite calabrais et en 1474, le pape Sixte IV reconnait officiellement le nouvel ordre. Sa règle, d'une extrême austérité, est approuvée par son successeur Alexandre VI. François ne change pas de vêtement ; il porte une robe de bure et ne se rase pas ; il ère sur les chemins rocailleux de Calabre et de Sicile. François ne se lave pas non plus : ses fidèles disent que son corps sent l'ambre gris ou le musc… On commence à lui attribuer des miracles : des aveugles ou des lépreux guéris, ou des jaillissements de sources après avoir frappé un rocher de son bâton. Ses guérisons miraculeuses attirent l'attention des cours d'Europe. François vit un temps à la cour du roi de Naples, Ferdinand 1er ; il est bientôt appelé par Louis XI de France, dangereusement malade. Le navire qui le conduit à Marseille est attaqué par les pirates puis essuie une tempête. Arrivé miraculeusement à Marseille ravagée par la peste (1482) il ne peut débarquer et son navire est dirigé vers Toulon ; il débarque finalement à Bormes-les-Mimosas (Cf. ci-dessous). Après mille autres contretemps, François finit par arriver au chevet de Louis XI, à Plessis-lez-Tours, mais il ne peut que l'aider à mourir (1483). François-de-Paule va rester un quart de siècle à la cour de France ; son style de vie séduit nombre de frères Franciscains. Son ordre des Minimes se répand ; Bossuet le célèbre depuis sa chaire. François plaide aussi pour le mariage d'Anne de Bretagne avec Charles VIII ; celle-ci fonde le couvent royal de Notre-Dame-de-Toutes-les-Grâces à Chaillot et un monastère à Gien. François meurt dans le monastère qu'il avait fondé à Plessis-lez-Tours le Vendredi Saint 1507. Le pape Jules II ouvre un procès apostolique en canonisation en 1512, mais c'est Léon X qui le canonise l'année suivante. La dépouille de saint François-de-Paule sera brûlée par les réformés au XVIe siècle. Chapelle Saint-François-de-Paule Détourné de Marseille où il ne peut débarquer à cause de la peste, François-de-Paule est aussi retenu au large de Fréjus pour les mêmes raisons. Mais il est finalement autorisé à quitter le navire car il doit se rendre au plus vite au chevet du roi Louis XI malade, et que celui-ci l'avait fait venir tout spécialement d'Italie (1482). Et c'est à bord d'un radeau qu'il est tiré et débarqué à Bormes-les-Mimosas. Le jourmême de son arrivée, dit-on, la peste aurait cessé à Fréjus. Quoi qu'il en soit, le moine italien est désormais surnommé "l'Éradicateur de peste" dans toute la région. Des chapelles Saint-François-dePaule sont construites à Bormes et à Fréjus, ainsi qu'un couvent entre 1523 et 1537. Mais ce n'est qu'en 1783 qu'une dévotion est officiellement instaurée à Fréjus, avec l'institution d'une bravade et d'une bénédiction des saintes reliques. Remise au goût du jour, la bravade en l'honneur de saint François renaît au début des années 1950. Chaque 6e dimanche qui suit Pâques, le Protecteur de la 18 ville est fêté en souvenir du miracle. La procession est alors suivie de la bravade, au cours de laquelle les militaires tirent de nombreux coups de fusils. On prie traditionnellement saint François pour "obtenir la pluie et de nouvelles naissances".
La chapelle Saint-François-de-Paule, située sur la place Agricola, rappelle l'évènement. Construite en 1560 par l'ordre des Minimes installés dans la ville depuis 1522, elle se trouvait alors avec le couvent des frères à l'extérieur de l'enceinte médiévale. De style gothique avec des éléments de décor Renaissance, ses vitraux sont contemporains. Restée inachevée, la chapelle est composée d'une nef basse à deux travées entièrement voûtées d'ogives se terminant par une abside pentagonale. À l'extérieur, le chevet s'appuie sur cinq contreforts entre lesquels sont percées de hautes fenêtres. Son orgue provient de la cathédrale Saint-Léonce. Le couvent des Minimes est détruit lors de la Révolution mais la chapelle a été sauvegardée. Servant de remise et d'atelier, elle est rendue au culte en 1858. Elle est classée Monument Historique depuis 1987.
Chapelle Sainte-Brigitte-du-Reyran (ex-Saint-Pons) L'édifice remplace une chapelle plus ancienne dédiée à saint Pons détruite lors de la construction de la nouvelle enceinte entre 1577 et 1580. Reconstruite au quartier Sainte-Brigitte (d'où son nom) proche du centre-ville, la chapelle est de style gothique tardif et contient cinq oratoires. La pierre de maîtrise située à l'entrée est datée et signée. Saint Pons, devenu le protecteur des paysans et des agriculteurs, était jadis fêté à Fréjus le 5e dimanche après Pâques. Cette tradition longtemps tombée en désuétude a été remise au calendrier des manifestations au quartier Sainte-Brigitte au cours des années 1970. Le temps fort de cette fête provençale est la procession du dimanche matin, avec le buste de saint Pons dans les rues du quartier, ponctuée de tirs de mousquet. Une messe est célébrée à la chapelle Sainte-Brigitte avec une bénédiction des animaux et des instruments de labour. Les festivités se concluent par la danse de la Souche.
Saints provençaux et lieux-saints :
Sainte Brigitte de Suède (1303-1373) À tout seigneur, tout honneur. Patronne de tous les pèlerins, sainte Brigitte était également renommée pour ses prophéties et ses révélations mystiques. Aussi connue pour ses prises de position politiques et religieuses, elle est aujourd'hui co-patronne de l'Europe (Jean-Paul II, 1999). Infatigable pèlerine, elle se rend à Compostelle (1344), à Rome (1349) et à Jérusalem (1372). Mais pas seulement. Cousine de la reine Jeanne comtesse de Provence (alors établie à Naples), Brigitte est issue d'une famille de pèlerins habituée depuis quatre générations à se rendre à Compostelle. Encore jeune, elle commence par réaliser le difficile pèlerinage norvégien de Nidaros (Trondheim), non loin du Cercle Polaire afin d'aller vénérer les reliques du roi-martyr Olaf. Elle entreprend ensuite avec son mari celui de SaintJacques-de-Compostelle (vers 1341-1344) en visitant, chemin faisant, les hauts lieux de la chrétienté, et vénérer leurs reliques telles celles des Rois Mages à Cologne ou celles de Charlemagne à Aix-la-Chapelle. Elle fit probablement étape à Namur, cité jacquaire importante d'où était issue la reine Blanche de Suède dont elle avait été première dame de cour. Dirigeant alors ces pas vers la Provence, Brigitte s'arrêtait à Reims puis à l'abbaye de Tournus. D'aucuns prétendirent qu'elle évita Avignon, où résidait alors le pape, lui préférant Tarascon la ville de sainte Marthe hôtesse du Christ et sœur de MarieMadeleine. Sa fille aînée ne s'appelait-elle pas également Marthe ? Aucun doute quant au passage de Brigitte et de la cohorte de pèlerins qui la suivait, à Glanum (proche de Saint-Rémy et de l'ancienne voie Domitia) puis à Aix où le culte de saint Maximin s'était largement répandu. Brigitte se rendit bien sûr à la Grotte de la Sainte-Baume où elle fut accueillie par les frères Dominicains (1341) ; ses Révélations Célestes en témoignent. À Saint-Maximin, la basilique n'était pas encore finie de construire mais les reliques de Marie-Madeleine pouvaient lui être présentées. Nous n'avons aucune certitude sur un voyage au-delà de Saint-Maximin mais son culte s'y est très tôt répandu. Des chapelles dédiées à Sainte-Brigitte de Suède demeurent encore au Luc (ainsi qu'un oratoire), à Vidauban et à Fréjus (Cf. ci-après). Si l'on se réfère à son procès en canonisation, Brigitte aurait embarqué à Marseille pour se rendre en Espagne afin de poursuivre son pèlerinage jusqu'à Santiago, mais il semble plus probable qu'elle ait suivi la voie Tolosana. L'abbaye de Montmajour et la basilique Saint-Trophime en Arles revendiquent depuis toujours son passage. Par ailleurs, les reliques de saint Honorat se trouvaient encore aux Alyscamps (transférées à Lérins en 1392) et Brigitte ne pouvait pas les éviter (ces reliques déplaçaient alors des foules), pas plus que l'abbaye de Saint-Gilles toute proche (il y aurait eu un comptoir scandinave) sur la route d'AiguesMortes où les pèlerins (et les croisés) s'embarquaient pour l'Orient. En outre, la reine Blanche du Suède, petite nièce de Saint Louis, avait apporté à la ville une relique du saint roi et Brigitte n'aurait pas manqué d'aller la vénérer, tout comme il est probable qu'elle se soit également rendue aux SaintesMaries-de-la-Mer. Une chapelle Sainte-Brigitte proche de Saint-Guilhem-le-Désert (Saint-André-deSangonis) conserve encore le souvenir de la sainte pèlerine (visites régulières du consul de Suède). Fixée à Rome dès 1349, Brigitte décide, à l'âge de 69 ans, d'effectuer un dernier pèlerinage à Jérusalem (1372) ; revenue épuisée, elle décédera peu après son retour. Fondatrice de plusieurs monastères en Suède et d'un ordre pour religieuses ("Très-Saint-Sauveur", plus connu sous le nom d'Ordre des "Sœurs Brigittines") elle est canonisée à Rome par le pape Boniface IX en 1399.
Pagode Hông-Hiên-Tu
La pagode est édifiée en 1917, dans les limites du camp Galliéni, par des militaires vietnamiens venus en France combattre aux côtés des Français pendant la Première Guerre mondiale. Son architecture est conforme aux traditions de leur pays. À l'abandon, et sans entretien durant les années qui suivirent l'indépendance de l'Indochine, il faut attendre l'arrivée de nouveaux vietnamiens en 1954 pour que cette œuvre admirable reprenne des couleurs. La ruine et l'effondrement sont évités de justesse. L'association bouddhique constituée en 1967, avec peu de moyens mais beaucoup de ferveur et d'acharnement, réussit une rénovation exemplaire, inaugurée solennellement en 1972. Avec la reprise du culte bouddhique, la pagode s'enrichit régulièrement de nouvelles statues ; elle figure aujourd'hui à l'inventaire général du patrimoine culturel (1999).
Mosquée Soudanaise Missiri
Commencée en 1928 au camp militaire de Caïs par d'anciens combattants sénégalais venus combattre en France, la mosquée sera achevée en 1930. Elle représente une réplique de la Missiri de Djenné, ancien Soudan français devenu le Mali. Construite en béton armé et recouverte d'enduit rouge, elle rappelle l'original réalisé en brique de pisé ocre. Rénovée au début de l'année 2000 par le 21e RIMA, cette mosquée reste la propriété du Ministère de la Défense. Elle est inscrite au titre des Monuments Historiques en 1987.
Ancien Hospice, Hôpital et Chapelle Saint-Jacques
Cf. Patrimoine "jacquaire" : Fréjus
Retour de la papauté à Rome – Catherine de Sienne Brigitte, malgré tous ses efforts, ne réussit pas à convaincre le pape d'Avignon, alors Urbain V, à revenir s'installer à Rome. Ce n'est que son successeur (1371), Grégoire XI, qui, en mai 1372 annonce son intention de rejoindre Rome, confirmée lors du consistoire de 1374. Pétrarque, décédé cette année-là, mais surtout la Dominicaine Catherine de Sienne, venue tout spécialement à Avignon (1376) pousser le pape à ce retour, furent les éléments déclencheurs de la décision. Grégoire XI, définitivement convaincu, remercia Catherine en lui accordant par privilège pontifical, l'octroi d'un autel portatif sur lequel la messe pouvait être célébrée là où elle se trouvait… Venue depuis Sienne jusqu'à Avignon par le col de Montgenèvre et Gap, Catherine (1347-1380) était également une pèlerine avérée. Contemporaine de sainte Brigitte, cette tertiaire Dominicaine mystique a exercé une grande influence sur l'Église catholique : elle a été déclarée sainte (canonisée en 1461), patronne de Rome (1870) et de l'Italie (1939) puis docteur de l'Église (1970, Paul VI) et co-patronne de l'Europe (1999, Jean-Paul II) avec Brigitte de Suède et Édith Stein