BAUDINARD-SUR-VERDON
BAUDINARD-SUR-VERDON
Église Saint-Jacques
Si le territoire de Baudinard était habité depuis la plus haute antiquité et pendant l'occupation romaine, le "Castrum de Beldisnar" n'apparaît dans l'histoire qu'en 1096, et sans doute sa première église fut-elle la Sainte-Marie de l'abbaye de Valmogne voisine, fondée au VIe siècle (citée dans une charte de 990). Aucune trace d'une autre église n'apparaissant sur son emplacement, il est vraisemblable que l'église construite au XIe siècle soit encore celle du village actuel.
Dès l'origine, l'église est dédiée à Saint-Jacques ; les moines de Valmogne assurent le service religieux. En 1096, l'évêque Augier (diocèse de Riez) fait donation de plusieurs églises à l'abbaye de Lérins (cartulaire, charte n°219), dont N-D de Valmogne et Saint-Jacques de Baudinard ; ces donations sont confirmées en 1113 (n° 214). Dans la charte, l'évêque précise que ces donations sont faites en raison de "l'absence de ministre dans l'église Saint-Jacques du Castrum de Beldisnar, la remettant entre les mains des moines de Lérins, à condition que les moines qui gouvernent déjà l'église de Valmogne, la gardent à jamais dans son intégrité".
Le 6 mars 1256, l'église Saint-Jacques de Baudinard cesse d'appartenir à Lérins et devient, avec Notre-Dame de Valmogne, un prieuré dépendant de Sainte-Catherine de Sorps. Elle fera un retour à l'évêché de Riez à la disparition du monastère de Sorps en 1435. La vie religieuse de Baudinard se poursuivra durant les siècles suivants sans autre incident notable. On note dans les archives qu'il n'y avait à Baudinard, ni juif ni protestant et que les obsèques civiles ne représentaient qu'une infime exception.
D'aucuns diront que l'église de Baudinard était dédiée à Saint-Michel-Archange mais c'est une erreur. En revanche, nous trouvons Notre-Dame comme patronne du lieu en 1599 (archives municipales). Peut-être les moines de Lérins avaient-ils procédé au changement de nom lorsqu'ils abandonnèrent Notre-Dame de Valmogne. En tout cas, l'église retrouva rapidement son nom de Saint-Jacques originel.
L'église Saint-Jacques est bâtie sur un flanc de mamelon dominé par les ruines du château-féodal ; on y accède depuis une placette par un escalier en pierre de onze marches ; deux marches supplémentaires séparent la nef du chœur. Des maisons collent à l'église de tous côtés, y compris sur une partie de la façade. Commencée fin Xe ou tout début XIe siècle en style roman, la construction se termine en style ogival (apparu en Provence au XIe siècle). Le tambour encadrant la porte de l'intérieur est construit en 1755. L'édifice forme un rectangle arrondi à l'extrémité par l'abside (16 x 7 m) ; le chœur est fermé par une grille en fer forgé. La voûte d'une hauteur de 8 m est supportée par quatre arcs romans, dont le quatrième, qui précède l'abside, est surmonté d'un arc ogival. Trois baies romanes permettent de communiquer avec une seconde nef (5 x 16 m) à la voûte est moins élevée, servant de chapelle aux seigneurs.
La décoration de l'église est très sobre : quelques tableaux du XVIIIe siècle, une Vierge en bois dorée, appelée N-D du Rosaire offerte en 1706 par l'épouse du procureur d'Aix ; La chaire, très simple, date de 1723. Cinq chapelles sont adossées aux murs : St Blaise, St Joseph, Sacré-Cœur de Jésus, St Jean et aux Âmes du Purgatoire ; l'autel de la chapelle des Seigneur est devenu celle du Rosaire. Quelques petites restaurations sont signalées en 1677 (toiture) et 1727 (carrelage) ; celle de 1921 sera plus importante.
Le clocher, carré et trapu, est surmonté d'un toit provençal présentant trois ouvertures. Les échelles sont remplacées par un escalier en 1751. Les vieilles cloches, enlevées durant la Révolution ont été remplacées. La plus grande, fondue en 1833. Une inscription figure sur la plus petite, provenant de la chapelle Saint-Michel : "j'ai reçu le baptême le 9 septembre, M. le conte de Sabran-Pontevès est mon parrain et Mme Girard est ma marraine. Je porte le nom du pieux Archange Michel. À Paris 1877". La cloche rituelle qui sonne les heures porte un crucifix et une Vierge ; on ne connait pas son origine.
La maison claustrale servit longtemps de domicile au bedeau sonneur de cloches. En 1868, la mairie qui se trouvait au premier étage descendit au rez-de-chaussée (ancien bûché du presbytère, ce qui engendra un conflit entre le maire et le curé du village.
La paroisse fait aujourd'hui partie du diocèse de Fréjus-Toulon et accueille, depuis une dizaine d'années, une exposition des crèches du monde au travers des âges.