BARJOLS

BARJOLS
Var
Patrimoine non-jacquaire

BARJOLS FETE PATRONALE : LA ST MARCEL

Barjols est l'une des premières cités à se rallier au parti angevin lors de la crise de succession, à la mort de la reine Jeanne, qui opposait Charles de Duras à Louis 1er d'Anjou à la tête du comté de Provence. Surnommée la Tivoli de Provence, Barjols ne comprend pas moins de trente fontaines et douze lavoirs, ainsi que de nombreuses cascades. Ancienne capitale du cuir, la ville possédait jadis plusieurs tanneries réputées avant leur effondrement au XXe siècle, principalement dû à la concurrence marocaine. 

Cf. "Patrimoine jacquaire" du Var : Barjols

Infos pratiques

Hôtel de ville
83670 BARJOLS
France

Saint Marcel (de Die)

Parmi les nombreux saints Marcel de l'Église chrétienne, deux ont été évêques dans nos régions. Marcel ou Marcellin († v. 440), moine de Lérins, qui succéda à saint Jacques (de Tarentaise) comme évêque au siège de Moûtiers (diocèse de Chambéry), et le Marcel fêté à Barjols, qui est l'évêque de Die (26) né en Avignon en 430 et décédé à Montmeyan en 510.

Marcel est consacré évêque en 463 par saint Mamert de Vienne, celui-là même que l'on prie pour échapper aux calamités naturelles (l'un des trois "Saints de glace" avec saint Servais et saint Pancrace). Son épiscopat est marqué par la déportation de la population, ordonnée par Euric le roi des Wisigoths. Marcel est quant à lui envoyé en Arles où il échappe miraculeusement à l'effondrement de sa maison. Après un séjour de deux années à Courserans (Ariège) où ses pouvoirs thaumaturgiques s'affirment par de nombreux miracles (guérisons de toutes sortes), Marcel revient à Die. Il est encore appelé au chevet d'Euric. Un dernier prodige mémorable se produit à Die lors de la construction d'un baptistère (dans la cathédrale Notre-Dame) lorsque Marcel arrête une colonne de pierre dans sa chute pendant qu'il priait.

Marcel meurt paisiblement dans la commanderie Saint-Maurice de la Roquette à Montmeyan au retour d'un dernier voyage à Rome pour rencontrer le pape Symmaque (460-514). Très vénéré dans toute la région, Marcel est proclamé saint et une partie de ses reliques sont apportées au XIe siècle à l'abbaye de la Chaise-Dieu (42). En 1349, il apparaît en songe au gardien de la commanderie qui menaçait ruine, lui demandant de transférer ses restes dans un endroit plus digne. Les villages de Barjols et d'Aups sont aussitôt candidats mais les habitants de Barjols, aidés par ceux de Tavernes, sont les plus rapides et s'emparent des reliques sans attendre la décision du chapitre. Rentrés triomphalement au village les voleurs chantent "c'est nous qui les avons, les tripettes les tripettes, les tripettes de saint Marcel".

Placées dans une châsse d'argent, les reliques sont déposées dans la collégiale Notre-Dame, appelée depuis collégiale Saint-Marcel par les habitants du village. La châsse est volée en 1504 par des ouvriers mais ils sont rapidement retrouvés, "saisis et condamnés au dernier supplice". Au siège de Barjols (1562) la châsse tombe aux mains des Protestants qui brûlent les reliques ; seule une phalange du saint réchappe au carnage, aujourd'hui conservée dans un buste-reliquaire, placé dans la collégiale.

Collégiale Saint-Marcel (Notre-Dame de l'Assomption)

Fondée en 1014, l'église est confiée aux moines de Saint-Victor et élevée au rang de collégiale en 1060. Construite entre 1537 et 1559, son premier patron était saint Sébastien auquel succéda saint Marcel.

Les stalles datent de 1559 et l'orgue de 1656 (restauré par J. Pons en 1987) ; la chaire (1842) et la toile de Van Loo représentant la Vierge allaitant l'enfant-Jésus, constituent des éléments importants de son patrimoine. Le tympan du XIIIe siècle porte la mention "République Française. Liberté, Égalité, Fraternité".

Le clocher de forme carrée de 1529 est surmonté d'un campanile. La cloche la plus ancienne, de la même époque, du fondeur Antoine Richieud de Varages, porte l'inscription en lettres gothiques : "Sancte Marcelle ora pro nobis" (saint marcel, priez pour nous) accompagnée de plusieurs décors religieux, de médaillons et d'une frise de feuillage et de fleurettes. Les autres cloches sont de 1683 (une tonne) et de 1699. On accède aux cloches en grimpant à la corde depuis le campanile.

Fête des Tripettes

Les "voleurs" qui rapportaient de Montmeyan les reliques de saint Marcel, avaient rencontré sur leur route, dit-on, des habitants lavant des tripes (boyaux) de bœuf afin de commémorer quelques jours plus tard, une famine récemment évitée grâce à la présence d'un bœuf dans le village assiégé. Joignant alors le profane au sacré, ils entrent tous allègrement dans l'église en dansant et chantant "Tripette". Chaque année, depuis cet évènement fameux, les Barjolais célèbrent la "fête des Tripettes" au cours de laquelle on promène un bœuf dans les rues du village avant d'être cuit à la broche en place publique et mangé par les habitants.

Dans les premiers temps, le bœuf était solennellement sacrifié et dépecé sur place. Ses tripes garnissaient des corbeilles que des jeunes villageois transportaient par les rues en dansant la farandole. Aujourd'hui encore, la population se rend à la collégiale à l'heure des complies pour une cérémonie mi religieuse mi-païenne, sautant dans l'église et chantant "Sant Macèu, sant Macèu, li tripeto, li tripeto…". Monsieur le curé sautille toujours avec ses ouailles ; ni la Révolution, ni l'évêque de Fréjus, ne sont parvenus à supprimer la fête !

Le bœuf n'est plus sacrifié qu'une fois tous les quatre ans. Abattu la veille, une partie est consommée rôtie et l'autre en daube. Les processions et les bravades se succèdent sur tout le week-end ; les costumes traditionnels (de maquignons, bouchers, gardians, trouvères et pastourelles arlésiennes) accompagnent le bœuf enrubanné, avec galoubets et tambourins. La fête, pittoresque et traditionnelle est aujourd'hui l'une des plus courues de Provence.