LES ARCS-SUR-ARGENS
LES ARCS-SUR-ARGENS
Ancienne Archos (1010) devenue castrum de Arcubus (Château des Arcs), la seigneurie resta celle de la famille Villeneuve du XIIe au XVIIe siècle. La baronnie est érigée en marquisat par Louis XIII en 1612. La Cité médiévale, toujours perchée sur son piton dominant le village moderne, a conservé une partie de ses remparts et plusieurs curiosités comme ses quatre portes fortifiées (dont celle de l'Horloge), le donjon du XIIIe siècle ainsi que les vestiges du château (XIIe s) et de l'ancienne église (chapelle SaintPierre). Le campanile du XVIIe siècle (1662) est une réalisation de Louis Tourtonne. À noter de double patronage de la ville : sainte Roseline et saint Sébastien, ce dernier fêté par la ville en janvier en souvenir de la peste de 680, avec la bénédiction des amandiers et la vente des "néoules" traditionnelles (biscuit rappelant l'hostie partagées à la Saint-Sébastien).
LES ARC SUR ARGENS
Chapelle Saint-Pierre du Parage
Aujourd'hui désaffectée, la chapelle avait été église paroissiale du XIe siècle à 1851. Initialement constituée de deux nefs parallèles couvertes de voûtes en berceaux brisés séparées par quatre arcades était englobée au XIXe siècle dans le mur d'enceinte du castrum. L'église avait deux portes : l'une a été transformée en fenêtre, l'autre aujourd'hui murée donnant sur la maison claustrale. Elle était alors accolée à un cimetière. L'église est agrandie au XVIe siècle. Outre le doublement de la nef, sont ajoutées deux chapelles latérales, une sacristie et une tribune. À la même époque, le clocher-mur est transformé en clocher-tour. Une troisième chapelle est ajoutée au XVIIe siècle. Les murs se dégradent et se crevassent inexorablement durant le siècle suivant. En 1836, des démolitions préventives du chœur et du clocher sont prescrites ; un mur divise l'édifice en deux. La chapelle est toutefois restaurée en 1969.
Église du Martyre-de-Saint-Jean-Baptiste
Construite au XIXe siècle, elle remplace l'ancienne église Notre-Dame, partiellement démolie, devenue chapelle Saint-Pierre du Parage. La première pierre de l'église est posée par l'évêque de Fréjus-Toulon en 1845 et l'inauguration solennelle a lieu en septembre 1851 (suivie d'une bénédiction le 19 octobre) ; elle n'est consacrée que 30 ans plus tard, le 14 octobre 1882. Le monument aux morts édifié devant l'église (1923), représentant la Victoire dénudée d'un sein, tourne le dos à l'église. Les rues et la place qui entourent l'édifice portent le nom de libres penseurs notoires tels ceux du chevalier de la Barre (François-Jean Lefebvre) torturé, décapité et brûlé pour blasphème et sacrilège à Abbeville en 1766 ou d'Étienne Dolet étranglé puis brûlé sur le bûcher pour athéisme en 1546, ou encore celui de Francisco Ferrer fusillé en 1909, accusé par le clergé catholique de Barcelone ; autant de confirmations ostentatoires des sentiments anticléricaux de l'époque…
Sainte Roseline
Fille du marquis de Villeneuve, Roseline est née au château des Arcs en janvier 1263. Elle montre dès son plus jeune âge une profonde piété et une grande charité. Perdant sa mère à 12 ans, elle prend en charge ses cinq frères et sœurs et dirige la maisonnée. Durant une grande sècheresse elle doit répondre aux demandes des paysans qui viennent au château réclamer du pain. Allant contre l'interdiction de son père, elle vide les greniers et distribue les réserves. Comme à ses contemporaines la princesse Élisabeth de Hongrie (1207-1231) ou la reine Élisabeth du Portugal (1271-1325) ou encore, plus tard, sainte Germaine-de-Pibrac (1579-1601), on lui attribue un "miracle des roses" : ayant dérobé et caché du pain dans son tablier pour aller le distribuer aux pauvres, elle est surprise par son père qui l'enjoint d'ouvrir son tablier. L'ouvrant aussitôt, le marquis y découvre une gerbe de roses et voit là le signe d'une protection divine pour sa fille. Abandonnant alors le projet de mariage qu'il avait pour Roseline, le marquis s'incline et consent à la laisser entrer à la Chartreuse de la Celle-Roubaud en 1278. Consacrée diaconesse par l'évêque de Fréjus en 1288 elle y devient prieure de 1300 à 1328. Poursuivant ses œuvres de charité, Roseline se dépense sans compter. Vivant en état de prière et d'union à Dieu, elle aide les pauvres qui viennent quémander à la porte du couvent, et prive même les religieuses de nourriture pour satisfaire les demandes. Épuisée par la tâche et les mortifications elle demande à revenir simple religieuse et meurt le 17 janvier 1329.
La momie de sainte Roseline :
Des pèlerinages étonnants composés de mendiants, d'infirmes ou de malades, s'organisent dès son décès. Mais Roseline doit être enlevée à la ferveur populaire pour être ensevelie dans le cloître, enveloppée d'un linceul. Le doux parfum qui se dégage alors sans cesse en cet endroit décide les sœurs à prévenir la famille et les autorités. Après cinq années de démarches, permission est donnée de transférer son corps dans la chapelle. Exhumée pour le transfert, on constate que le corps, exhalant toujours une forte odeur de rose, était resté intact ; notamment les yeux, grands ouverts, qui conservaient tout leur éclat. Lorsque Louis XIV vint à Cotignac en 1660 en compagnie de sa mère Anne d'Autriche en remerciement de sa naissance, ordre fut donné à son médecin d'aller examiner le corps de Roseline. Craignant une supercherie, celui-ci donne alors deux coups de stylet dans l'œil gauche qui se vide aussitôt. Depuis lors, les yeux de Roseline sont conservés dans un reliquaire séparé. Déposé dans une châsse de cristal, le corps de sainte Roseline ne sera embaumé qu'en 1894.
Chapelle Sainte-Roseline ;
Construite au XIe siècle, la chapelle était celle de l'ancien monastère de la Celle-Roubaud. Entre autres trésors, l'édifice contient la "momie de sainte Roseline". Toujours exposée dans la chapelle, Roseline se présente allongée sur le dos, dans sa tenue de cartusaine (moniale chartreuse, ou chartreusine), blanche à coiffe noire. Exvotos, fleurs et photos s'amoncellent toujours au pied des reliques de la sainte. Les yeux, miraculeusement préservés, ont été déposés dans un reliquaire du XIXe siècle et reposent dans une niche de la chapelle. Les pèlerinages à Sainte-Roseline n'ont jamais cessé chaque 17 janvier, date anniversaire de sa mort, le 5 e dimanche de Carême et le dimanche de la Sainte-Trinité, jour d'exhumation de son corps. Processions et messes se déroulent encore le 1er dimanche d'août et le dimanche le plus proche du 16 octobre, ancienne fête de la Grande Chartreuse. La sainte est priée pour les vocations contrariées ou pour obtenir la persévérance et garder un vrai regard de foi. Les provençaux l'invoquent aussi pour obtenir la pluie. La chapelle contient des œuvres baroques et modernes dont une mosaïque de Chagall, des vitraux de Jean Bazaine et Raoul Ubac, et un bas-relief de Giacometti. À noter les stalles richement sculptées de 1635, le maître-autel surmonté d'un retable baroque de Bréa ou la prédelle en bois peint du 15e siècle.
Ancien monastère de La Celle-Roubaud :
La chapelle est considérée comme étant l'abbatiale de l'ancien monastère de la Celle-Roubaud, dont le nom proviendrait d'un ermite venu s'installer en ce lieu proche de Valbourgès. Une donation de 1038 au monastère SaintVictor mentionne le couvent de Salam-Robaldo lorsque les Templiers investissent les lieux en 1200. Placé sous le patronage de Sainte-Catherine-du-Mont-Sion, le couvent et ses dépendances sont cédés aux moniales bénédictines de Sourribes (Gap), avant d'être occupé, à partir de 1260, par l'ordre des Chartreux (Chartreuse de Bertaud dans les Hautes-Alpes) jusqu'en 1420 (moniales retirées à Aix). En 1504, le monastère était occupé par les Franciscains de la stricte observance, devenant alors monastère de Sainte-Catherine d'Alexandrie. Le nom de SainteRoseline n'apparaît qu'au XIXe siècle. Vendu entre-temps comme bien national (1793), la chapelle est séparée du monastère sous le Second Empire. Cette dernière, acquise par la ville des Arcs, est classée aux Monuments Historiques en février 1980. On a souvent présenté ce monastère comme une fondation de la famille de Villeneuve dont Jeanne, la tante de Roseline, aurait été la prieure. Ces faits sont loin d'être assurés. Il se pourrait que l'attribution de la fondation de La Celle-Roubaud à la famille de Roseline, tout comme l'existence de Jeanne, prieure (dont le corps aurait été lui aussi retrouvé intact cinquante ans après sa mort) ne soient que des arguments avancés pour exalter le lignage de la sainte. L'ancienne abbaye de la Celle-Roubaud voisinait avec le château des Villeneuve situé sur la terre de Valbourgès. Cette terre faisait partie d'un vaste domaine, s'étendant les territoires actuels de Trans, des Arcs, de la Motte et d'Esclans, offert à Géraud de Villeneuve en 1201 par le comte de Provence et roi d'Aragon Ildefons (Alphonse II). Leur château fut détruit durant la Révolution mais restent en souvenir plusieurs vignobles réputés comme ceux : du "Château Sainte-Roseline" ou du "Château Valbourgès"
Ancien Hôpital Saint-Jacques Cf. Patrimoine "jacquaire" : Les Arcs-sur-Argens