Impressions avant d'être hospitalier à Figeac

Publié le 15 juin 2024
Tribune libre
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Nous partageons ce billet, reçu avec grand plaisir, de la part d'Henri ROUSSEL, adhérent du 06, alias "Le Vieux Tacot" , qui vient de passer une période très difficile et va prendre malgré cela, comme chaque année, avec son épouse, son poste d'accueillant au carmel de Figeac.

Marc UGOLINI

Président

En cheminant sur le plateau 

 

Il pleut fort sur Figeac en bourrasques de pluie qui arrivent soudain, crépitent sur les toits, inondent les passants qui ne l'ont pas vu venir, et rendent désertes les rues de la vieille ville

Mais la pluie n'arrête jamais le pèlerin et selon l'expression bien connue "sursum corda" c'est à dire Hauts les cœurs mes braves ! Nous n'allons pas nous effrayer de ce temps frais, pluvieux et venteux alors que nous avons un toit sur la tête.

Le soleil pâle et glauque qui s'est paresseusement levé ce matin disait déjà la couleur du jour, et les nuages, de laiteux sont devenus gris noirs, puis pommelés comme les prémisses d'un orage ; et nous avons visité entre les averses et quelques rares éclaircies qui n'arrivaient pas à réchauffer l'atmosphère.

 

Un château de la Belle au Bois Dormant nous attendaient au sommet d''un village, puissant par ses murs, imposant par ses tours et harmonieux par le jeu de ses toitures à la mode aveyronnaise avec des rondeurs surprenantes, tandis que les murs austères s'éclairaient de belles baies à traverses et meneaux. Mais la grande cour derrière la majestueuse grille se couvrait d'herbes folles comme celles d'une prairie depuis longtemps abandonnée. A gauche en jetant un regard indiscret on pouvait distinguer une volée d'escaliers montant au premier étage, un garde-corps constitué de beaux balustres en pierres finement ciselées. Un silence profond régnait sur la cour comme si le château était déserté ou abandonné. 

 

Plus loin, plus haut vers le nord, Saint-Geniez-d'Olt (12130) et surtout Ste Eulalie d'Olt. Le cœur de l'église rappelle Conques en miniature, les mêmes colonnes délimitant un déambulatoire, le même élancement des fûts très serrés et massifs vers le sommet de la voûte. Mais l'édifice est devenu forteresse quand les grandes compagnies au XIVème siècle dévastaient le pays, les piliers se sont faits massifs, l'ensemble a été surélevé pour faire protection en cas d'attaques. Dans le village belles maisons  à colombages avec un remplage entre croisillons constitué des galets extraits directement dans le Lot voisin, donnant fière allure et belle élégance aux maisons elles-mêmes et aux ruelles par voie de conséquence.

 

La chapelle St Austremoine était fermée comme de bien entendu mais l'extérieur laisse deviner la beauté intérieure. Je l'avais visité il y a de cela longtemps et avait pu admirer la richesse du mobilier et des fresques.

A Maurs dans ce village concentrique, le centre est marqué par la présence d'une église dédiée à St Cyprien. L'intérieur est typiquement marqué par le style languedocien, une immense nef sans collatéraux voûtée en croisée d'ogives et dont le reliquaire dédié à St Césaire est tout à fait remarquable souffrant une comparaison flatteuse avec le reliquaire de Ste Foy de Conques. Le visage du saint est tout sauf hiératique, il donne un peu l'impression d'être étonné par ses riches vêtements d'or. Il inspire une sympathie immédiate avec son visage souriant et ses grandes mains qui semblent s'agiter pour nous dire quelque chose. 


La route vers Figeac s'achève, nous sommes prêts à prendre le relais ; les consignes ont été échangées alors que la pluie se déchaînait à l'extérieur. La Sœur Monique nous a accueilli de son bon sourire de bienvenue ; la sérénité du Carmel sera d'un meilleur effet que l'accumulation de médicaments qui ne guérissent pas l'âme, et moins encore le spleen.

Nous sommes à Figeac, donc la vie a repris son cours comme le Célé qui coule paisiblement face à nos fenêtres ouvertes à la pluie nocturne.

Henri ROUSSEL

Vendredi 14 juin 2024